Pourquoi de la philosophie et de l’art avec les enfants ?
– Donner aux enfants la possibilité de former leurs propres raisonnements et réflexions critiques (méthode, questionnement, etc.)
– Susciter une ouverture vers l’Autre et initier à la discussion philosophique en créant une dynamique de groupe et en développant l’écoute attentive
– Éveiller et explorer les capacités de création de l’enfant : investir son corps dans l’espace, découvrir des techniques plastiques, etc.
– Libérer l’imagination par la découverte d’une activité artistique (arts plastiques, théâtre, illustration, jeu d’ombres, impro, photographie, couture, etc.)
– Mettre en lien des enfants reliés par une même interrogation
Pédagogie
Il existe plusieurs types d’apprentissage : l’expérience concrète, directement ancrée dans les vécus immédiats, l’observation réfléchie de situations et d’activités, l’expérimentation active, provoquée par la médiation d’instruments et d’outils censés diriger l’expérience concrète, et enfin la conceptualisation abstraite, mettant en lien l’ensemble des observations réfléchies pour faire apparaître des concepts prégnants. Philosoph’Art a pris un tournant en ce sens, avec la volonté de pouvoir véritablement mesurer l’impact des ateliers sur :
- les processus logiques et cognitifs de l’enfant ;
- les vécus psychologiques et affectifs de l’enfant ;
- les comportements éthiques et sociaux.
Plusieurs outils pédagogiques et scientifiques ont été mis en place au sein du Manuel Philosoph’Art (bilingue français-créole haïtien) afin de permettre une meilleure évaluation des ateliers.
De manière générale, l’association Philosoph’Art a axé son travail de recherche autour de deux pôles :
– Recherche autour de la philosophie et de l’art avec les enfants, en partenariat avec Philolab . Dans ce cadre, l’association est intervenue les 16 et 17 novembre 2016 aux Rencontres Internationales sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques au siège de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée Mondiale de la Philosophie.
L’association s’entoure également des conseils d’Alain Kerlan, docteur en philosophie, directeur de l’ISPEF (Institut des Sciences et Pratiques d’Éducation et de Formation de l’Université Lyon 2).
– Recherche autour de la pratique de la philosophie pour enfants en souffrance. Dans ce cadre, l’association est partenaire avec le groupe de recherche ANR-RECREAHVI de l’Université Lyon 2, sous la direction de Daniel Derivois, qui analyse la résilience et les processus créateurs des enfants haïtiens victimes de catastrophes naturelles.
« Je connais un mot aux résonances telles qu’il fait vibrer chacun des philosophes et artistes qui ont décidé de se lancer dans cette expérience de pensée et d’art avec des enfants. Ce mot partage, crie, refuse, contredit. Ce mot n’est pas « d’accord ». Ce mot est « discussion ». Ce mot, en étant discussion, donne une raison d’être à l’autre. Ce mot contre, incarne, devient autre. Ce mot, en justifiant la réalité de l’autre, combat entre autres la fatalité de la violence qui n’a pas assez de mots pour contrer l’espace d’autrui. Ce mot écrit, dessine, invente, lit. Ce mot imagine, se projette, voit plus loin. Ce mot en ouvrant un espace d’horizon, lutte contre les préjugés et les idées toutes faites. Ce mot est un instant de liberté dans un univers parfois escarpé. Ce mot saisit, organise, change d’angle, joue avec les perspectives. Ce mot, en choisissant de zoomer ou de s’éloigner, vient faire barrage l’espace d’un instant à la tristesse pour ne saisir que la richesse du quotidien. Ce mot, qu’il soit prononcé à Port-au-Prince (Haïti), à Lyon, à Villeurbanne, à Ambérieu ou à Qalqilya (Territoire occupé Palestinien), n’est que fragilité. Mais une fragilité bien réelle. Celle de la force de la pensée face au monde qui vient ».
Héléna Hugot, co-fondatrice de l’association Philosoph’Art